Salut les Sextonautes, et plus particulièrement salut à celles d’entre vous pour qui la période avant les règles ressemble moins à une petite contrariété passagère qu’à une véritable descente aux enfers mensuelle. 👋
On a toutes entendu parler du SPM(voir l’article), le fameux Syndrome Prémenstruel, avec ses envies de chocolat et son irritabilité légendaire. Mais aujourd’hui, on va parler de son grand frère, beaucoup plus sombre et infiniment plus douloureux : le Trouble Dysphorique Prémenstruel, ou TDPM. Un nom un peu barbare pour une réalité qui peut transformer la vie en un véritable cauchemar cyclique.
Si chaque mois, quelques jours ou semaines avant tes règles, tu as l’impression de devenir une autre personne – submergée par une tristesse insondable, une anxiété paralysante, ou une colère que tu ne contrôles plus – au point que ta vie quotidienne, tes relations, ton travail en pâtissent gravement, alors cet article est pour toi. Tu n’es pas “juste chiante”, tu n’es pas “folle”, et non, tu n’exagères probablement pas. Ce que tu vis a un nom, et surtout, ce n’est PAS de ta faute.
Chez Sextuto, on a à cœur de briser les tabous et d’apporter de la lumière sur des sujets parfois difficiles. Alors, ensemble, on va essayer de comprendre ce qu’est le TDPM, pourquoi il frappe si fort, et surtout, comment on peut commencer à reprendre pied.
Le TDPM, C’est Quoi au Juste ? (Bien Plus Qu’un “Gros” SPM, On Vous Dit !)
Imaginez le SPM comme une grosse averse. Désagréable, certes, mais on s’en remet. Le TDPM, lui, c’est plutôt un ouragan catégorie 5 qui dévaste tout sur son passage, et ce, chaque mois.
Plus concrètement, le TDPM est une forme sévère et invalidante de syndrome prémenstruel. Il est classé comme un trouble dépressif dans certains manuels de psychiatrie. La différence cruciale avec un SPM “classique”, c’est l’intensité des symptômes, surtout émotionnels et psychologiques, et leur impact dévastateur sur la capacité à fonctionner normalement.
Les Symptômes Qui Doivent Vraiment Vous Mettre la Puce à l’Oreille (Le Cocktail Infernal du TDPM) :
Si le SPM peut vous donner envie de manger du Nutella à la petite cuillère en pleurant devant un film triste, le TDPM, lui, peut vous faire sentir que votre vie entière s’effondre. Voici les signes qui ne trompent généralement pas (il faut en présenter plusieurs, et au moins un de la catégorie “humeur” de façon marquée) :

- Une Humeur Profondément Dépressive : Un sentiment de tristesse intense, de vide, de désespoir. Vous pouvez avoir l’impression que tout est noir, que rien ne vaut la peine. Des pensées très négatives sur vous-même peuvent surgir (“Je suis nulle”, “Je ne vaux rien”).
- Anxiété, Tension Palpable : Une sensation constante d’être sur le qui-vive, stressée, angoissée, comme si quelque chose de terrible allait arriver. Ça peut aller jusqu’à des crises de panique.
- Labilité Émotionnelle Extrême (Les Montagnes Russes Émotionnelles x1000) : Vous passez d’un état à un autre en un claquement de doigts. Pleurs soudains et incontrôlables, hypersensibilité à la critique ou au rejet, sautes d’humeur qui déconcertent votre entourage (et vous-même !).
- Colère et Irritabilité explosives : Une colère disproportionnée par rapport à la situation, une irritabilité constante qui mène à des conflits fréquents avec vos proches, vos collègues… Vous avez l’impression d’avoir un volcan en vous, prêt à entrer en éruption.
- Perte d’Intérêt Marquée : Plus envie de rien. Les activités que vous aimez d’habitude vous laissent indifférente. Vous vous isolez, vous n’avez plus goût à vos loisirs, à voir vos amis, à travailler.
- Difficultés de Concentration Sévères : Impossible de vous concentrer sur une tâche, votre esprit est embrouillé, vous oubliez des choses importantes.
- Fatigue Extrême (Léthargie) : Une sensation d’épuisement total, un manque d’énergie qui vous cloue au lit ou vous rend incapable d’accomplir les tâches du quotidien.
- Changements d’Appétit Importants : Soit des fringales incontrôlables (souvent pour des aliments spécifiques, sucrés ou salés), soit une perte totale d’appétit.
- Problèmes de Sommeil : Insomnie (impossible de trouver le sommeil ou réveils nocturnes) ou au contraire, hypersomnie (envie de dormir tout le temps).
- Sentiment d’Être Submergée, de Perdre le Contrôle : L’impression que vos émotions vous dépassent, que vous n’êtes plus maîtresse de vous-même.
- Symptômes Physiques Possibles (Souvent Intensifiés) : Douleurs aux seins, maux de tête violents, douleurs musculaires ou articulaires, ballonnements importants, prise de poids temporaire…
La Clé Absolue : Le Caractère CYCLIQUE et PRÉVISIBLE de ces Calamités
C’est LE point fondamental qui distingue le TDPM d’une dépression chronique, d’un trouble anxieux généralisé ou d’autres conditions. Pour parler de TDPM, ces symptômes doivent :
- Apparaître systématiquement pendant la phase lutéale de votre cycle (c’est-à-dire la ou les deux semaines avant l’arrivée de vos règles).
- S’améliorer de façon significative, voire disparaître complètement, quelques jours après le début de vos règles.
- Être absents (ou très minimes) pendant la période qui suit vos règles et précède l’ovulation (la phase folliculaire).
C’est cette fenêtre de “répit”, cette période où vous vous sentez “normale” ou “vous-même”, qui est caractéristique du TDPM.
Pourquoi Moi ? Les Pistes pour Comprendre (Et Surtout, Arrêter de Culpabiliser !)
La première chose à graver dans votre esprit : CE N’EST ABSOLUMENT PAS DE VOTRE FAUTE. Vous n’êtes pas faible, vous n’êtes pas “trop sensible”, vous n’inventez rien. Le TDPM est une condition médicale réelle avec des bases biologiques.
Alors, qu’est-ce qui se passe dans votre corps pour provoquer un tel chaos ? Les scientifiques n’ont pas encore toutes les réponses, mais voici les pistes les plus sérieuses :
- Une Sensibilité Anormale de Votre Cerveau aux Hormones : Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les femmes souffrant de TDPM n’ont pas forcément des niveaux d’hormones (œstrogènes et progestérone) anormaux. Le problème viendrait plutôt d’une réaction exacerbée de leur cerveau aux fluctuations normales de ces hormones au cours du cycle. C’est comme si votre cerveau était “allergique” à ces variations.
- Le Rôle Crucial de la Sérotonine (et d’autres Messagers du Cerveau) : Ces fluctuations hormonales auraient un impact direct sur les neurotransmetteurs, ces substances chimiques qui transmettent les messages dans le cerveau. La sérotonine, en particulier, qui régule l’humeur, le sommeil et l’appétit, semble jouer un rôle clé. Une baisse de son activité pourrait expliquer beaucoup des symptômes émotionnels du TDPM.
- Une Prédisposition Génétique ? Il semblerait qu’il y ait une composante génétique, ce qui expliquerait pourquoi certaines femmes sont plus susceptibles de développer un TDPM que d’autres.
- Le Stress, un Amplificateur : Si le stress chronique ne cause pas le TDPM, il peut très clairement en aggraver les symptômes et rendre les crises encore plus difficiles à gérer.
Le TDPM et Votre Vie : Quand Chaque Mois Ressemble à une Démolition
L’impact du TDPM va bien au-delà de “quelques jours de mauvaise humeur”. Il peut littéralement miner tous les aspects de votre existence :
- Vos Relations (Amoureuses, Familiales, Amicales) : Imaginez essayer de maintenir des relations saines quand, la moitié du temps, vous êtes irritable, en colère, déprimée, ou que vous vous isolez. Les conflits deviennent fréquents, l’incompréhension s’installe, et le sentiment de solitude peut devenir écrasant. Votre libido peut aussi en prendre un sacré coup.
- Votre Vie Professionnelle ou Vos Études : Comment être productive, concentrée, créative quand votre cerveau est en bouillie et que votre énergie est à zéro ? Le TDPM peut entraîner des difficultés au travail, des erreurs, de l’absentéisme, voire une perte d’emploi ou un échec scolaire.
- Votre Santé Mentale (Le Danger Invisible) : Le TDPM augmente considérablement le risque de développer une dépression majeure, des troubles anxieux chroniques. Et il faut le dire, même si c’est difficile : pendant les crises, les pensées suicidaires peuvent apparaître chez certaines femmes. C’est une urgence et un signe qu’il faut impérativement chercher de l’aide.
- Votre Qualité de Vie Globale : C’est simple, vous avez l’impression qu’une partie de votre vie vous est volée chaque mois. La frustration de savoir que la “tempête” va revenir, l’anticipation anxieuse de la prochaine crise… C’est épuisant.
Le Diagnostic : Mettre un Nom sur l’Ennemi (Et Croyez-Nous, Ça Change Tout !)
Si vous vous reconnaissez dans cette description, la première étape vers un mieux-être est de chercher à obtenir un diagnostic. Savoir que ce que vous vivez a un nom, que vous n’êtes pas seule et que ce n’est pas “juste dans votre tête”, c’est déjà un immense soulagement.
- Le Journal de Bord de Vos Symptômes : C’est indispensable. Pendant au moins deux cycles menstruels consécutifs, notez quotidiennement vos symptômes (physiques et émotionnels), leur intensité (sur une échelle de 1 à 10 par exemple), et les jours de vos règles. Cela permettra de visualiser clairement le lien entre vos symptômes et votre cycle.
- Qui Aller Voir ? Commencez par votre médecin généraliste, qui pourra vous écouter et vous orienter. Un(e) gynécologue ou une sage-femme bien informé(e) sur le sujet peut aussi être d’une grande aide. Dans certains cas, une consultation avec un(e) psychiatre sera nécessaire, notamment pour confirmer le diagnostic et discuter des options de traitement médicamenteux.
- Les Critères Existent : Le diagnostic du TDPM repose sur des critères précis (ceux du DSM-5, le manuel de référence en psychiatrie, par exemple). Il ne s’agit pas d’un diagnostic “à la louche”.
Survivre et Reprendre le Pouvoir : Les Pistes de Traitement et d’Aide (Oui, il y en a !)
La bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas condamnée à subir cet enfer éternellement. Il existe des stratégies et des traitements qui peuvent considérablement améliorer votre qualité de vie :
- Les Options Médicales (Souvent Nécessaires pour un TDPM Sévère) :
- Les ISRS (Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine) : Ce sont des antidépresseurs. Oui, le mot peut faire peur, mais dans le cadre du TDPM, ils sont souvent très efficaces, même à des doses plus faibles que pour une dépression classique. Ils peuvent être pris en continu ou seulement pendant votre phase lutéale (la période où vous avez vos symptômes). Ils aident à réguler la sérotonine et à atténuer les symptômes émotionnels. Parlez-en ouvertement avec votre médecin.
- Certains Contraceptifs Hormonaux : Les pilules contraceptives qui contiennent de la drospirénone et qui sont prises en continu (sans semaine d’arrêt) ont montré une efficacité pour certaines femmes en supprimant l’ovulation et donc les fluctuations hormonales. D’autres options hormonales peuvent être discutées.
- Plus Rarement, d’Autres Traitements Hormonaux : Dans les cas très sévères et résistants, des médicaments qui induisent une ménopause artificielle (analogues de la GnRH) peuvent être envisagés, mais ce sont des traitements lourds avec des effets secondaires.
- Les Thérapies (Un Soutien Essentiel) :
- La TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive) : Elle peut vous aider à identifier et à modifier les pensées négatives et les comportements problématiques liés au TDPM, à développer des stratégies pour gérer vos émotions, votre stress et vos relations.
- Les Ajustements du Mode de Vie (Des Alliés Précieux, Mais Souvent Pas Suffisants Seuls) :
- Alimentation Anti-Inflammatoire et Équilibrée : Limitez le sucre raffiné, la caféine, l’alcool, les aliments transformés. Privilégiez les fruits, les légumes, les céréales complètes, les bonnes graisses. Certaines études suggèrent un intérêt pour le calcium.
- Exercice Physique Régulier : L’activité physique libère des endorphines, améliore l’humeur et aide à gérer le stress. Trouvez une activité que vous aimez.
- Gestion du Stress Poussée : Techniques de relaxation, méditation de pleine conscience, yoga, sophrologie… Tout ce qui peut vous aider à réduire votre niveau de stress global.
- Sommeil de Qualité : Un sommeil suffisant et réparateur est fondamental.
- Certains Compléments Alimentaires (Toujours avec Avis Médical !) : Le magnésium, la vitamine B6, l’huile d’onagre sont parfois cités, mais leur efficacité pour le TDPM sévère est limitée. Discutez-en avec un professionnel.
- La Force du Soutien (Vous N’êtes Pas Seule !) :
- Groupes de parole et associations de patientes : Échanger avec d’autres femmes qui vivent la même chose peut être incroyablement réconfortant et déculpabilisant. (Ex: Association PMDD & Me en France, IAPMD à l’international).
- Soutien de l’entourage : Expliquer ce que vous vivez à vos proches peut les aider à mieux vous comprendre et vous soutenir.
Un Message à Votre Entourage (et à la Guerrière en Vous)
- À vos proches : Si une femme de votre entourage souffre (ou semble souffrir) de TDPM, informez-vous. Écoutez-la sans la juger. Validez sa souffrance. Proposez votre aide concrète. Ne lui dites jamais qu’elle “exagère” ou que “c’est juste ses hormones”. Votre soutien est inestimable.
- À vous, qui luttez chaque mois : Soyez incroyablement douce et indulgente envers vous-même. Ce que vous endurez est une épreuve. Vous êtes une guerrière. Chercher de l’aide, mettre des mots sur votre souffrance, essayer des solutions, c’est un acte de courage immense. Vous n’êtes pas définie par votre TDPM. Vous méritez la paix et le bien-être.
L’Espoir Existe, Vraiment.
Le chemin pour trouver un équilibre avec le TDPM peut être long et semé d’embûches. Il n’y a pas de solution miracle unique. Mais des options existent, et de plus en plus de professionnels de santé sont sensibilisés à ce trouble.
Si vous vous êtes reconnue dans ces lignes, ne restez pas seule avec votre souffrance. Parlez-en. Consultez. Informez-vous. Vous méritez de vivre pleinement, tous les jours du mois.